Désirée V. Browna
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 | | Sujet: Bad Taste & Gold on the Doors - Victoria - Sam 20 Juin - 20:03 | |
| Désirée avait la désagréable impression que sa tête était sur le point d'exploser. Un douloureux mal de crâne l'empêchait d'intégrer la litanie monotone de son professeur de physique. Elle prenait des notes de temps à autre, plaquant sur le papier quelques bribes de phrases dont la plupart n'était dotée d'aucun sens. La joue reposée dans le creux de sa paume, l'épaule appuyée contre le mur, elle se tourna vers la fenêtre. Dehors, c'était l'été. Le soleil illuminait la cour de l'université, les élèves paresseux s'exposaient avec délice ) ses rayons bienfaiteurs, symboles des beaux jours. Ses lèvres esquissèrent un sourire plus sarcastique que joyeux lorsque son regard tomba sur Amanda Jdanov, qui, immenses lunettes de soleil sur le nez et serviette de plage à l'épaule, se dirigeait avec une exquise nonchalance vers la sortie de l'établissement, se fichant ouvertement que tout le monde puisse deviner qu'elle séchait les cours pour se la couler douce sur les plages californiennes. Après tout, elle avait une réputation de glandeuse traînée à soigner. Désirée repéra à ses cotés Emily Billingson, elle aussi parée pour un bain de soleil. Elle soupira, envieuse. C'est là-bas qu'elle aurait du être, pas dans ce cours de chimie soporifique où elle n'avait visiblement pas sa place. Seulement, elle s'efforçait de suivre un minimum les cours, afin que son avenir ne soit pas compromis par un éventuel rattachement aux Kappa Kappa Gamma.
"J'irai une prochaine fois", se promit-elle.
Cela la déprimait encore plus d'admirer toutes ces créatures longilignes -non pas qu'elle se considérât comme une erreur de la nature- et vaniteuses enjamber les ennuyeux obstacles qu'elle-même ne parvenait pas à éviter ; le cours de physique en était un bon exemple.
Lorsqu'enfin la sonnerie libératrice retentit, Désirée quitta la salle de cours d'un pas vif. Elle avait enfin fini sa journée. Son mal de tête n'avait pas cessé, au contraire. Exaspérée, la jeune fille se dirigea vers sa chambre, avant de s'arrêter brusquement. Amanda était à la plage. Il n'y aura que Donna dans la chambre, et elle ne se sentait pas d'humeur à affronter l'éternelle bonne humeur de sa camarade. Elle réfléchit brièvement. Par cette belle après-midi ensoleillée, elle ne connaissait qu'un endroit où elle pourrait être au calme. La bibliothèque.
Lorsque Désirée parvint devant la salle, elle haussa un sourcil, légèrement étonnée et moqueuse. Rien que la porte, avec ses enluminures ecaillées, respirait la culture, le sérieux. Elle l'ouvrit avec un respect mêlé d'un sarcasme gêné. À l'intérieur, il faisait bien plus frais que dans le reste de l'université : aucune fenêtre n'était ouverte, empêchant ainsi la chaleur du dehors de pénétrer dans la pièce. La salle était lumineuse, on apercevait sans peine la poussière mordorée qui planait entre les rayonnages. Comme la jeune fille l'avait prévu, la bibliothèque était vide, à l'exception de quelques élèves qui recherchait ou le savoir, ou la fraîcheur du lieu. Elle s'assit à une table à l'écart, afin de ne pas se mêler aux autres. Un agréable silence régnait dans la salle, et Désirée se sentit instentanément plus sereine. Son mal de tête s'était fait la malle. La jeune ferma les yeux quelques secondes, s'imbibant du calme ambiant, puis se leva doucement, craignant de rompre cette quiétude. Elle sillona les rayons d'un pas lents, laissant ses doigts courir délicatement sur les reliures des multiples ouvrages qui ornaient les étagères. Elle survola sans vraiment les voir des romans, des recueils, des bandes dessinées, des manuels scolaires, des livres de poésies, des dictionnaires. Soudain une oeuvre retient son attention. La brunette s'en saisit et la feuilleta avec intérêt. De nombreuses gravures de mode défilèrent devant ses yeux admiratifs. Satisfaite de sa trouvaille, elle retourna vers sa table, guillerette, et s'assit avec précipitation. Elle déposa l'ouvrage devant elle en prenant grand soin de ne pas l'abîmer, de quelque façon que ce fût, et entreprit d'observer soigneusement chacun des dessins, de lire tous les textes avec la plus grande attention, et ce avec un respect et une concentration presque religieux.
Désirée décryptait, fascinée, l'une des gravures de la page 78, lorsque soudain le bruit grinçant d'une chaise que l'on tire la fit sursauter violement. Elle leva les yeux, profondément agacée.
-Victoria ?
Elle poussa un petit soupir imperceptible. Comment avait-elle pu ne pas s'en douter ? S'il y avait bien quelqu'un qu'elle ne manquerait pas de croiser à la bibliothèque, c'était bien sa cousine, Victoria Abbey, aussi sainte-nitouche et studieuse qu'Amanda Jdanov était dépravée et libertine. | |
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