Un pot de pop-corn, et plus si affinités | Côme.

A droite, puis tout droit, à gauche, nous y voilà. Amanda était enfin arrivée devant la célèbre salle de projection de la ville. au milieu de tout le gris des uniformes de travail, elle faisait tache avec sa petite robe bleu turquoise nouée à la taille par une ceinture tressée. Elle dépassait la foule d'une tête avec ses chaussures louboutin, offertes par son père pour ses dix-huit ans. Sa hauteur n'était pas un problème, au contraire, aujourd'hui, elle était plutôt un avantage. En effet, elle semblait chercher quelqu'un dans la foule. Elle regarda sa montre. Elle n'était pas si en retard que cela. En revanche, Côme, lui, n'était pas vraiment à l'heure. Elle s'avança vers le guichet et s'adossa à une poutre. Un voix derrière elle la fit se retourner.

Guichetier: vous voulez un billet mademoiselle ?

Amanda: non merci. J'attends quelqu'un.

Guichetier: haa. Votre bon ami ?

Amanda: heu... oui, c'est ça. Il est vrai que c'est un bon ami à moi.

Guichetier: bon, hé bien revenez me voir lorsque votre chanceux ami sera arrivé.

Amanda: oui, c'est ça...

Amanda sourit. Elle s'éloigna le guichet pour aller chercher un peu plus loin. Sympa cet employé. Malheureusement, ce vieil homme n'avait pas tout à fait raison. Côme n'était pas le "bon ami" d'Amanda. Juste un ami de vice. Un ami auquel on fait appel lorsqu'on se sent seule, un ami d'intêrets.
Une vibration au fond du sac. Amanda sortit son portable de son sac. Elle décrocha. Elle reconnu instantanément la voix au bout du fil.

Côme: heu, oui. C'est moi. Juste pour te dire que je serai un peu en retard. On m'a retenu là où j'étais.

Amanda: pas de problème, mais dépêche toi quand même, j'ai hâte de te voir.

Côme: oui, ne t'e fais pas.

Soulagée de savoir que Côme n'avait pas finit sous les roues d'un car scolaire, Amanda rangea son portable et se dirigea vers le café juste à côté. Elle s'assit à une table en terrasse et commanda au garçon de café une vodka. Un peu intrigué, le serveur alla néanmoins lui chercher son verre. Oui, elle commencait fort la soirée mais elle supportait très bien cet alcool de chez elle et ne s'en inquiétait donc pas. Une fois qu'elle l'eut en main, elle avala d'une traite le précieux liquide.
Cela faisait un certain temps qu'elle n'avait pas vu Côme. Dans un certain sens, il lui manquait. Leurs entrevues étaient toujours très agréables, aussi bien les avants que les après. Elle sourit. Dans quelques minutes, elle serait à l'aise dans une salle de cinéma aux côtés de son ami de bagatelle.
Un bruit de pas marchant dans sa direction attira l'attention de la jeune fille. Elle leva la tête. Une fois de plus, un sourire se dessina sur son visage. Il était enfin arrivé. Côme, sapé comme un prince, l'allure d'une mannequin, le visage resplendissant. De temps en temps, elle se demandait pourquoi ils avaient rompu la première fois. Elle se leva, déposa quelques pièces sur la table du café et marcha vers son beau brun. Il s'excusa d'être en retard et elle l'excusa sans problème en déposant un doigt sur ses lèvres. Amanda s'approcha un peu plus et déposa un baiser à la comisure des lèvres du jeune homme. Elle le prit par la main et courrut avec lui vers le guichet du cinéma.

Guichetier: ha ! vous revoilà jolie demoiselle. Alors c'est lui votre bel ami ?

Amanda (rougissant): hum. Oui oui, alors "chéri", que veux-tu voir ?

Elle adressa un regard complice à son compagnon espérant qu'il jouerait le jeu pour ce vieil homme plein d'espoir. Vous voyez, mademoiselle Jdanov n'est pas si garce.

le prince charmant

Quoi ?! Vous voulez me torturer parce que vos cours soporifiques ?!

l'enquiquineur

Vous restez là, Prescott. Pendant une heure. On verra bien ce qui est soporifique, après.

Côme laissa tomber sa tête sur ses bras étendu devant lui, sur une table de la rangée du milieu, juste à côté de la fenêtre, en poussant un soupir d'ennui à fendre l'âme. Quand ? Quand cet imbécile de prof allait-il cesser, enfin cesser, de lui parler, de son infâme voix trop rauque ? Cela faisait environ une heure et quarante-cinq que Côme n'avait pas bouger de son siège, bien que le cours soit officiellement terminé. Lorsque le prof en question avait mit fin à la leçon d'aujourd'hui, il avait prié Côme de rester une heure en plus que ses condisciples étudiants, afin de, comme l'avait si bien dit l'adulte « avoir eu droit à autant d'heures de cours que les autres. » Ce que les enseignants pouvaient être susceptibles, parfois ! Il devait quand même bien se rendre compte que ce qu'il racontait n'intéressait que les deux-trois Delta Delta Delta qui avaient cours avec lui, quand même ? Alors pourquoi était-ce tombé sur lui ? Sur la presque cinquantaine d'étudiants inattentifs, pourquoi était-ce lui qu'on allait encore emmerder ?

Cela faisait donc presque une heure que Côme « écoutait » son prof qui marmonnait des paroles sans queue ni tête sur l'importance des études et l'impact qu'une année à refaire aurait sur et lui – Côme –, et sa famille, et ses études futures. Bien que ça, c'était encore supportable. Le pire, c'était que, de un, il était censé terminer vers trois heures aujourd'hui, et qu'à cause de ce cher professeur, il terminait à quatre heures, et que, de deux, il avait rendez-vous à quatre heures, justement, avec Amanda, son ex petite-amie, avec qui il avait prévu d'aller au cinéma. Il serait inévitablement en retard, ce qui l'embêtait. Ça faisait quelques temps qu'il n'avait pas vu la jeune fille et elle lui manquait, si on peut dire. Il regarda discrètement l'heure sur l'écran de son Motorola, et soupira. Il releva la tête, s'assura que le professeur était plongé dans il-ne-savait-trop quoi, et composa le numéro d'Amanda. Elle répondit de suite, par miracle.

le prince charmant

Heu, oui. C'est moi. Juste pour te dire que je serai un peu en retard. On m'a retenu, là où j'étais.

la tempête

Pas de problèmes, mais dépêche-toi quand même, j'ai hâte de te voir.

le prince charmant

Oui ne t'en fais pas.

Ne prenant pas le risque de discuter plus longtemps avec Amanda – déjà qu'il avait été obligé de chuchoter – Côme raccrocha et fourra son portable dans la poche de son jean foncé à la coupe droite et légèrement trop long qui retombait sur ses converses noires. Il se redressa légèrement en remontant les manches ouvertes de sa chemise noire et unie, au col relevé, jusqu'aux coudes. Il ne restait plus que cinq minutes, dont il compta chaque seconde mentalement. Lorsque, au loin, les cloches de l'église retentirent, et avant même que le professeur n'ai dit quoi que ce soit Côme se releva et, déjà, il descendait les marches entre les différentes rangées de tables, en direction de la porte. L'enseignait se redressa vivement et esquissa un mouvement vers Côme qui l'interrompit.

le prince charmant

Pas question que je reste une seconde de plus ! Je suis déjà en retard à mon rendez-vous, à cause de vous !

Le professeur ne répondit rien, se contentant de pousser ce genre de soupir que l'on pouvait très bien traduire par : « Je laisse tomber, jamais je ne pourrai faire quoi que ce soit pour ce garçon ! » En cinq minutes, le garçon en question était déjà hors du campus. Il ne retourna pas à sa chambre pour y remettre ses affaires, estimant être déjà assez en retard comme ça. Il se dépêcha, le long des boutiques, des rues bordées de voitures. Lorsqu'il arriva au Grauman's Chinese Theatre, il chercha rapidement Amanda des yeux, avant de la voir attablée à une terrasse. Il ne s'en étonna même pas, se contentant d'aller dans sa direction. Lorsqu'elle releva la tête, il lui adressa un de ses grands et charmants sourires.

le prince charmant

Désolé pour le retard, tu as le droit de me flageoler pour t'avoir laissé payer ta boisson, si tu veux.

Il eu a peine le temps de terminer sa phrase que l'index de la belle blondinette se cola à ses lèvres, lui intimant le silence en même temps qu'il lui indiquait qu'il était pardonné. Elle s'approcha et l'embrassa au coin des lèvres, ce qui n'étonna pas plus que ça le garçon. Il se laissa également faire lorsqu'elle lui prit la main et l'entraîna vers le cinéma. Le guichetier les regarda arriver avec une espèce de sourire assez space. Lorsqu'il s'adressa à eux – ou plutôt, à Amanda – il semblait la connaître, l'attendre.

le guichetier

Ha ! Vous revoilà, jolie demoiselle. Alors c'est lui votre bel ami ?

la tempête

Hum. Oui oui, alors « chéri », que veux-tu voir ?

Amanda jeta à Côme un regard qui fit sourire le garçon. Il rentra dans son jeu, amusé.

le prince charmant

Hmm ... On avait pas dit Good Morning England ? Sinon, tout ce que tu voudras, mon amour

Mon amour. Côme était entré dans le jeu. Le vieux quichetier avait un sourire jusqu'aux oreilles, on aurait dit le chat du Chester dans Alice au pays des merveilles, en moins fou et ... moins rose. Il devait être en train de se remémorer sa jeunesse et ses premiers amours. Amanda en était toute attendrie. Que c'est chou. Elle se tourna vers son "bon ami" et acquiesa.

AMANDA

Hé bien, va pour GME mon sucre d'orge.

Amanda adressa une mine très heureuse au guichetier ce qui finit de l'achever sur le plan du romantisme. Le vieux jubilait, il était aux anges. Pour un peu ils les aurait embrassés tous les deux. La poupée russe commenca à sortir son porte-feuille quand Côme l'arrêta de la main. Il faisait non de la tête et sortait lui même son porte-feuille. Quel gentleman tout de même. On en trouve plus beaucoup des types comme celui-là dans le monde. Ils sont une espèce menacée, en voie de disparition. Amanda songea un instant a créer une organisation de lutte pour préserver ces gentlemen. Quelle chance la jeune russe avait d'en avoir un à ses côtés. Bon, d'accord, elle n'était pas sa petite-amie à proprement parler mais c'était tout comme et puis, elle l'avait été de toute façon, c'était un plaisir qu'elle pouvait continuer de savourer tant qu'il lui restait en mémoire. Elle rangea donc son argent et laissa Côme faire le meneur de jeu. Il posa deux billets sur le comptoir du guichet, le sourire aux lèvres, comme toujours.

GUICHETIER

Ha non ! Je ne vous laisserai pas payer. Votre place, je vous l'offre. Et pas de discussion. Entrez dans la salle, regardez le film, faites vous plaisir et soyez heureux tous les deux .

Amanda et Côme se regardèrent. Ils avaient des yeux de merlant frit, étonnés comme pas deux de ce qu'ils venaient d'entendre. Décidémment, ce bonhomme était bien aimable. Comme quoi, être un couple amoureux (ou, dans leur cas, se faire passer pour tel) donne bien des avantages. Ha l'amour.
Le guichetier leur donna les billets avec un clin d'oeil. Côme les attrapa et tous deux remercièrent infiniment ce vieil homme dont ils avaient illuminé la journée. Amanda se pendit au bras de Côme comme pour l'empêcher de s'enfuir. Ils achetèrent un petit pop-corn, pour faire bonne figure auprès de la caissière qui semblait accablée de n'avoir aucun client et montrèrent leur ticket au passeur. Un petit « salle 4. a gauche et puis tout droit.» plus tard, ils marchaient en direction de la grande porte noire entourée de rideaux rouges du plus bel effet. Il spoussèrent la porte et découvrirent une petite salle quasiment vide, à l'exeption d'un adolescent pré-pubert qui semblait venir voir le film piur la sixième fois et d'un couple agé qui venait pour se souvenir de "la belle époque". Il s'installèrent vers le fond de la salle, une place de choix. De là, ils piuvaient voir sans être vus. En fond sonore, une musique d'attente indescriptible du type de celles que l'on entend dans les ascenseurs les faisaient patienter.
Amanda piocha un peu dans le pop-corn, histoire de pas l'avoir acheté pour rien. Elle ôta le petit gilet de maille qu'elle portait, laissant découvrir ses bras hâlés, et le déposa sur le siège voisin, à côté de son sac. Se tournant, elle vit que Côme faisait de même elle profita donc de l'instant pour éteindre son portable. Quand tous deux eurent fini leurs petites affaire, ils se redressèrent sur leurs sièges et les pubs commencèrent. Parfait timing. Amanda se pencha vers Côme, les yeux toujours sur l'écran et chuchota.

AMANDA

Il était gentil ce guichetier hein ? Très chou... Je suis contente d'être là avec toi, ça faisait longtemps.

Et elle posa sa main sur celle de son compagnon. Nan, elle n'allait pas s'emmerder avec le truc du "je pioche dans les pop-corn et ... tiens ! toi aussi, oups.". Elle et lui avaient déjà dépassé tout cela, depuis longtemps. Elle se redressa, gardant sa main sur celle de Côme et fixa encore et toujours l'écran qui diffusait une pub pour les préservatifs durex. Hum.