« Hang up the chick habits • PV AARON »

Elle avait réussi ! Junie avait décroché un rencard avec Aaron ! Enfin, elle ne lui avait pas exactement présenté ça par un rencard, plutôt comme une petite sortie entre amis. Même avec les sourcils haussés et le sourire séducteur, Junie n'était pas certaine qu'il ai vraiment compris les arrières-pensées qu'elle avait. Il avait beau être adorable, il avait une certaine tendance à ne pas remarquer quand Junie l'allumait. Tant pis. C'était peut-être mieux finalement. De toute façon, il allait forcément tomber sous son charme en la voyant dans son nouveau mini bikini sexy noir. Car oui, elle lui avait donné rendez-vous à Venice Beach. « En plein mois d'avril ?! » me direz-vous. Hey les gars réveillez-vous ! On est en Californie ! Là-bas en plein mois d'avril il fait entre 15 et 20 degrés en moyenne. Et aujourd'hui était l'une de ces journées à 20 degrés, voir plus. Idéal pour la plage.

Donc, ce matin, en cours de mathématiques – car oui, aujourd'hui Junie était allée en cours – elle avait envoyé un petit bout de papier à petits carreaux sur la table de Aaron qui, perdu dans ses pensées, sursauta en voyant le bout de papier voler vers lui. Sur le projectile il était écrit, au stylo rose à paillettes, en écriture bien soignée telle une élève de primaire, avec des petits cœurs sur les points des « i » :

Hello Aaron !
Bien chiant le cours hein ? J'ai jamais aimé les
maths de toute façon. Dis, tu fais quelque-chose
cet aprèm ? Il fait beau, ça te dirait d'aller à Venice
avec moi ? On pourrait se baigner, l'eau doit être
pas mal chaude là. En plus ça serait l'occasion pour
moi demontrer mon nouveau bikini à quelqu'un.

XOXO
(marque de rouge à lèvres)
Junie

Aaron lève les yeux vers Junie. Elle est retournée. Fameux haussement de sourcil et sourire séducteur. Aucune réaction de la part d'Aaron. Il griffone quelque-chose sur l'autre côté du mot. L'encre de son stylo bic noire ne sort pas, il l'essaye dans un coin, déchire la feuille tant il a appuyé, de l'autre côté ça fait un énorme trou au milieu de la trace de rouge à lèvres de Junie. Il écrit, renvoie le papier à la miss. Elle lit :

« OK »

Ok ? C'est tout ce qu'il a à dire, ok ? Bon. C'est pas grave. Ce simple ok veut tout de même dire que Junie et Aaron ont un rencard ! Angie a suivit les échanges entre Aaron et Junie, elle fixe Junie d'un air mauvais. Elle a dut comprendre. Elle ne tardera pas à contre-attaquer.

Bien. Revenons là où nous en étions. Junie était donc toute excitée à l'idée de son rendez-vous à la plage. Depuis le temps qu'elle avait flashé sur Aaron. Elle était devant son miroir depuis une heure au moins, testait différentes tenues et coiffures. Finalement, elle avait opté pour une mini-robe bustier rouge à volants qui la serrait à la poitrine et lui faisait donc un super décolleté. En dessous, elle avait enfilé son maillot de bain. Le haut était un push-up, encore un coup de pouce pour sa poitrine quasi-inexistante, il n'avait pas de manches et s'enfilait un peu comme un bandeau autour de la poitrine, mais en légèrement décolleté. Le bas était un tanga triangle; noir lui aussi. Elle releva ses cheveux en un chignon, effet coiffé/décoiffé, pour ne pas faire trop petite fille sage. Elle enfila aussi ses escarpins noirs à talons aiguilles. Une touche d'autobronzant par dessus le fond de teint, un peu de mascara, du rouge à lèvres bien rouge et voilà ! Elle était prête ! Elle ressemblait à une vraie femme, une femme très séduisante. Elle devait bien avouer qu'elle était assez contente du résultat. Elle regarda l'heure. treize heures quarante-trois. Aaron devait passer la chercher à quatorze heures. Cela lui laissait exactement dix-sept minutes tranquille. Elle s'assit sur le canapé et alluma la télé, pas trop fort, de peur de ne pas l'entendre toquer à la porte. Elle se regarda une dernière fois dans le reflet de la télé noire, juste avant qu'elle s'allume. Elle allait assurer. Elle le savait. Elle était incroyablement sexy.

La journée avait plutôt bien commencé pour Aaron. Bien qu'il fut obligé de se rendre en cours, le temps l'avait mis de bonne humeur. Il faisait toujours beau en Californie de toute façon, voilà pourquoi le jeune homme était rarement de mauvaise humeur en se levant. Il détestait la pluie, la neige aussi, et les journées trop chaudes. Lui ce qu'il aimait, c'était le printemps. Ni trop chaud, ni pas assez, un petit coup de vingt degrés c'était amplement suffisant. La chaleur lui ramollissait le cerveau et le rendait niais, parfois même un peu crétin sur les bords. C'est avec une cigarette à la bouche et ses écouteurs de iPod dans les oreilles que le garçon s'était rendu en cours, enjoué. Contrairement à certains autres élèves, il était toujours guilleret quand il allait en cours, tout simplement car il étudiait quelque chose qu'il aimait. Le lycée lui avait toujours beaucoup pris la tête, il était d'ailleurs moins bon élève qu'à présent. Aujourd'hui encore il lui arrivait de ramener de mauvaises notes, mais beaucoup moins fréquemment que durant ses années lycée. Son père ne l'aurait pas toléré de toute manière. Il était très pointilleux sur les résultats scolaires de son fils, lui même ayant été un élève brillant dans son jeune temps.

Aaron avait salué ses camarades de classe puis avait rejoint Elliot en cours de mathématiques. Il n'aimait pas particulièrement ça, à vrai dire, il était plutôt littéraire. Tous ces chiffres, toute cette logique dont il manquait, il n'y comprenait vraiment rien. Malheureusement pour lui, même s'il étudiait l'économie, il se devait de faire des mathématiques. Il s'était installé près de la fenêtre, comme à son habitude, ce qui lui permettait de rêvasser, de regarder ce qu'il se passait dehors. Parfois, quelques jolies filles passaient sous son nez, il les reluquaient à travers la vitre, puis se replongeait dans ses pensées. Il sursauta. Un morceau de papier venait d'atterrir sous son nez. Certains étudiants étaient restés en enfance apparemment, il n'avait plus envoyé de morceaux de papier depuis plusieurs années maintenant. Il avait ouvert la boulette de papier. Junie lui proposait de l'accompagner à la plage, à Venice. Il avait accepté, après tout il s'entendait bien avec la jeune femme, et il faisait beau, il n'avait donc aucune raison de refuser. Il lui avait renvoyé son message, dans lequel il n'avait écrit qu'un bref OK, peut être un peu trop bref, mais tant pis. Il lui avait adressé un sourire, et à la sortie, lui avait proposé de passer la prendre chez elle.

Après les cours, il était passé chez lui pour se changer, il ne comptait pas aller à la plage sans maillot de bain, et surtout pas en veste de costume. Il s'était habillé très classique ce matin, un blazer noir, une chemise blanche et un jean. C'était à la voix classe et sexy, il aimait beaucoup ce genre de tenue. En arrivant chez lui, il enfila un short de bain, un tee-shirt et son jean. Après tout, il n'avait pas besoin d'être ultra séduisant pour aller à la plage, il retirerait ses vêtements pour se baigner. Une dizaine de minutes plus tard, il était en route pour aller chercher Junie. Une fois arrivé devant chez elle, il frappa à la porte. N'ayant pas pour habitude d'attendre qu'on l'invite à entrer, il poussa la porte.

« - Tu es prête Junie ? »

Pffff, il n'y a vraiment rien de bien qui passait à la télévision à cette heure-là. Quelques émissions culinaires, des séries idiotes, du téléachat et des jeux téléphoniques où on gagne à tous les coups, même si pour ça encore faut-il pour ça être sélectionné parmi les mille personnes qui appellent la chaîne et qui, au passage, lui font gagner pas mal de fric sans rien gagner en retour. Finalement Junie regarde « Nanny 911 ». Nanny Stella galère à calmer un gosse de 8 ans qui court partout en criant. Insupportable. Et hop que j'te casse un vase, et hop que j'te tire la queue du chat, et hop que j't'arrache le chignon Nanny Stella, et hop qu'on découvre les super rajouts de Nanny Stella, et hop que Nanny Stella a les nerfs, ils ont pas coupé la scène. Junie en a marre de cette émission. Elle éteint la télé, regarde l'heure. Encore huit minutes. Un petit coup d'œil dans le miroir. il manque quelque-chose à sa tenue, un petit truc, mais elle ne sait pas trop quoi. Soudain, révélation ! Son bandeau tressé, qui lui donne des airs de hippie-chic. Elle va le chercher, l'enfile sur sa tête, sens au passage ses longs cheveux dorés tout doux. Encore un coup d'œil au miroir. Parfait ! Reste à trouver le sac où elle mettra ses affaires de plage.

Après deux longues minutes de casse-tête, elle opte finalement pour un sac boule en daim noir, signé par les deux C entrelacés de la marque CHANEL. Elle y fourre une serviette de plage rouge toute simple, une crème solaire indice 50, elle crame vite au soleil, et puis de toute façon elle a mit de l'autobronzant, un magazine people, au cas où que le rendez-vous tourne mal – mais non, quelle idée ! Elle prend aussi sa paire de wayfarer rouge, quelques sous, son blueberry, sa trousse à maquillage special plage, tout en waterproof, ainsi qu'un brumisateur. Rien que ça !

On toque à la porte. Junie se dépêche de fourrer les dernières affaires dans son sac.

« Tu es prête Junie ? »

Mon dieu, quelle voix séduisante il a. Junie se retourne. Il est là. Magnifique, même en jean / tee-shirt. Elle lui adresse un large sourire, réputé pour faire tomber tous les hommes, le fameux sourire ultrabright, ultrasexy, made in Junie.

Prête !

Elle s'approche de lui, lui dépose un baiser sur la joue en guise de bonjour, puis efface doucement de son pouce la marque de rouge à lèvres qu'elle a fait.

Lorsqu'il était entré dans la chambre d'étudiante de Junie, il n'avait vu personne. Il avait alors songé s'être trompé d'horaire, mais non, après une petite vérification de l'heure sur son téléphone, il comprit qu'il n'était ni en avance ni en retard. Et puis, elle lui avait répondu presque immédiatement. Elle s'était pointée dans le salon, un gigantesque sourire aux lèvres, un sourire très sexy d'ailleurs, qui lui allait à ravir. Elle avait déposé un baiser sur sa joue, puis avait passé son doigt à l'endroit où s'étaient trouvées ses lèvres une fraction de seconde auparavant. Aaron n'avait jamais compris pourquoi les rouge à lèvres tâchaient, c'était déjà suffisamment répugnant de sentir la matière collante sur sa peau sans qu'en plus on se trimballe avec la forme du baiser sur les joues ! Il n'y connaissait rien en matière de cosmétiques, après tout, il n'était qu'un simple garçon, il savait juste que des animaux marins étaient tués pour permettre aux filles de se peinturlurer le visage. Surtout que Junie n'en avait pas besoin, elle était suffisamment jolie au naturel. Du moins, c'est ce qu'imaginait le ZBT, il ne l'avait jamais vue sans tout son maquillage. Quoi que, tout son maquillage était beaucoup dire, la jeune femme était bien plus naturelle que certaines autres filles de l'université, encore heureux ! Il lui rendit donc son sourire, charmeur le sien, comme il le faisait toujours très naturellement, sans s'en rendre compte. Certaines filles prenaient son sourire ravageur pour une marque d'affection, elles croyaient qu'il leur était directement destiné. Et bien non, c'était sa manière à lui de sourire, et non pas une quelconque tentative de drague.

« - Ce n'était pas la peine de te faire si coquette, tu nous fait passer pour la Belle et le Clochard là ! »

Un petit rire s'échappa de sa bouche. Il aimait beaucoup le style de Junie, toujours bien habillée, même pour un bain de soleil entre amis. Elle portait tout comme lui des vêtements de marque, il savait les repérer d'un simple coup d'oeil que personne ne remarquait. Après tout, ils étaient tous deux chefs de leur confrérie mutuelle, tous deux très populaires, ils se devaient d'être toujours impeccables, sans pour autant en faire de trop. Et c'était une qualité qu'ils n'avaient aucun mal à avoir, ils avaient une certaine classe naturelle que plusieurs élèves leur enviaient. D'ailleurs, Aaron avait conscience de la jalousie qu'il procurait à certains garçons quand il leur refusait l'accès à sa confrérie, il aimait beaucoup en jouer, après tout c'est un petit frimeur, il n'éprouve aucune gène à se montrer supérieur aux autres. Bref, revenons-en à nos moutons. Il ouvrit la porte, et fit signe à la demoiselle de passer, tel un vrai gentleman.

« - Après toi. »

Aaron lançe un sourire charmeur à Junie. Elle ne le prend pas pour elle, elle sait que c'est naturel chez lui. Elle sait que ce n'est en aucun cas dans le but de la draguer qu'il lui a fait ce sourire. Pourtant, l'aurait-il voulu qu'il aurait usé de la meilleure technique pour y parvenir. Junie, d'habitude imperturbable au niveau du charme masculin, manque de fondre sur place. Elle se reprend vite, si bien qu'elle ne flanche qu'une fractions de secondes, sûrement indécelables. pas le temps de rougir, elle a un rendez-vous à assurer ! Elle se rend compte qu'il lui a fait une remarque. Elle n'a même pas rétorqué, perdue dans ses contemplations. Enfin bon, ce n'est pas 5 secondes de blanc qui devraient trop se faire remarquer. Elle sort de ses pensées, sourit.

« Ce n'était pas la peine de te faire si coquette, tu nous fait passer pour la Belle et le Clochard là ! »

Un clochard ? N'importe-quoi ! Le clochard le plus sexy de la planète alors ! Oh, mais il a dit « la belle » aussi ?! Junie sait qu'elle est belle, mais quand même, elle apprécie que ce compliment vienne d'Aaron. Elle lève les yeux aux ciel.

Mais n'importe-quoi ! T'es très beau comme ça !

Elle lui dit ça en posant ses mains sur son torse, juste une seconde. Petit geste qui, accompagné d'un compliment, flatte souvent les hommes. Junie s'y connait, dans ce domaine. Elle a l'art de savoir charmer sans passer pour une allumeuse. Même s'il lui arrive parfois, en soirée, d'allumer crûment quelques mecs bourrés mais terriblement canons.

Junie entend Aaron rire. Elle ne sait pas trop pourquoi il rit, trop absorbée par son admiration pour le beau jeune homme, mais elle rit aussi, un petit rire doux et mélodieux.

Il lui ouvre la porte, et se fait gentleman : fait signe à Junie de passer, telle une vraie dame, dit « après toi ! ». Il a beau ne pas porter le costard, on l'imagine tout de même dans un restaurant chic. Junie ramasse son sac et passe la porte, puis attend que son rendez-vous sorte à son tour.

Il n'avait fait que sourire dès lors qu'elle lui avait retourné le compliment. Il était séduisant, et il le savait. Après tout, il tenait cette élégance de son père. Alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon, son père lui avait appris comment se comporter avec les filles, leur tenir la porte et la manière dont il fallait les regarder, les mots qui leur plaisaient d'entendre, tout ce genre de choses qui fait craquer la gent féminine. Il devait avoir dix ans, et se souvint à cet instant des paroles de son père ; « Ne sois jamais trop franc avec une fille. Dis lui qu'elle est belle, après tout, même démaquillée et en robe de chambre les femmes sont séduisantes, elles sont féminines, ça suffit amplement ». Aaron n'avait guère approuvé son père ce jour là, n'ayant jamais eu à se comporter comme un parfait gentleman, mais ces deux dernières années, il avait mis les conseil de son paternel à exécution, ce qui lui avait valu un parcours sans fautes.

N'allez pas croire que le jeune homme n'était pas sincère, il n'avait jamais abusé du coeur d'une fille, pas sans consentement du moins. Lorsqu'il s'amusait durant une soirée, il prenait soin de questionner sa camarade sur ses propres intentions, afin d'éviter tout malentendu. A vrai dire, il avait beau être dragueur et pas toujours honnête, il ne supportait pas de voir les filles malheureuses, et encore moins par sa faute. Il reporta son attention sur Junie. Une fois qu'ils furent sortis, il referma la porte de l'appartement. Ils commencèrent à marcher en direction de la plage, heureusement, la jeune femme n'habitait pas trop loin de leur destination.

« On a de la chance qu'il fasse beau. »

Il avait parlé sur un ton presque sans émotion, sans réellement s'en rendre compte. Junie prendrait peut être sa phrase pour un comble-trou, l'idée lui était pourtant venue spontanément. Il la regarda et lui adressa un sourire amical. Ils allaient surement bien s'amuser, bien que Aaron ne soit pas fan des baignades dans l'eau de mer, il la trouvait trop salée et était sujet à de légères démangeaisons quand il retournait sur le sable. Il n'avait d'ailleurs pas pris de serviette, son côté tête en l'air sans doute. Il s'en aperçut mais ne fit aucune remarque à ce sujet, il ne voulait pas se ridiculiser inutilement, il était certains que Junie rirait, ce qui était normal. Il ne se baignerait pas, et puis le problème serait réglé.

Junie et Aaron marchent lentement en direction de la plage, qui n'est qu'à quelques pas de chez Junie. Il n'est pas très causant. Junie ferme les yeux quelques secondes pendant qu'elle marche. Elle respire un bon coup. C'est le printemps mais on se croirait déjà en été. C'est bien pour ça qu'elle aime la Californie. Elle profite du soleil, de la légère brise qui caresse ses longs cheveux. Elle rouvre les yeux. Elle se sent merveilleusement bien. Et en plus, le garçon de ses rêves marche à côté d'elle. Junie a toujours été une croqueuse d'hommes. Elle est une grande fêtarde allumeuse, collectionneuse de coups d'un soir. Elle a rarement des sentiments pour ses petits amis. Mais là c'est différent. C'est la première fois qu'elle ressent autant d'attirance pour un garçon. La première fois qu'elle n'est pas seulement attirée par la possibilité d coucher avec lui, mais aussi de vivre une histoire avec lui. Elle ne comprend pas trop ce qui lui arrive, elle n'est pas habituée. Elle ne dira jamais qu'elle est amoureuse. Elle ne sait même pas vraiment ce que ça fait. Peut-être bien qu'elle l'est, mais jamais elle ne se l'avouera. Elle n'aime pas changer ses habitudes. Elle aime que tout soit comme il l'a toujours été et le rester, que rien ni personne ne contredise ses plans. Dès que quelque-chose d'inconnu, d'inhabituel, se produit, elle est perdue, ne sait pas gérer la situation. Elle a besoin de son petit train-train quotidien.

Junie s'est perdue dans ses pensées, sûrement quelques secondes même si elles lui ont paru des heures. Des heures de réflexion en quelques secondes en fait. Aaron la sort de ses rêveries en disant :

« On a de la chance qu'il fasse beau. »

Il dit ça sur un ton banal. On pourrait croire qu'il cherche à combler le silence. Mais Junie sait que c'est comme ça qu'il parle en général, elle sait que c'était une phrase comme une autre, une simple réflexion à voix haute. Il lui sourit. Junie lui sourit à son tour. Un sourire sincère. En fait elle sourit du sourire d'Aaron. Un sourire tellement beau, tellement parfait. Un sourire qui donne envie de sourire. Et, pour Junie, qui donne envie de sauter sur son propriétaire et d'embrasser son sourire comme une folle. Mais June sait contenir ses émotions; Sinon elle lui aurait déjà sauté dessus en plein cours de maths. Elle se contente donc juste de lui sourire, comme pour approuver sa phrase. Pas besoin d'une réponse à cette remarque.

Il ne se dit aucun mot de plus pendant tout le voyage jusqu'à la plage – qui ne dura en fait que cinq petites minutes. Arrivée à la limite qui sépare le trottoir du sable fin de la plage de Venice Beach, Junie ôte ses escarpins : impossible de marcher dans le sable avec ça, sauf si elle meure d'envie de se ridiculiser devant Aaron. Elle marche pieds nus sur le sable, accompagnée de son beau rendez-vous. Elle se tourne vers lui, lui sourit, puis lui dis d'une voix douce et calme, sa voix habituelle en fait :

Alors, on s'installe où ?

Question pertinente.

Les deux jeunes gens continuaient de marcher lentement, Aaron profitait du soleil et de l'ambiance qui régnait en cet instant. Il avait toujours été sensible à la beauté et au côté paisible de la nature. Il trouvait agréable cette petite brise qui caressait leurs cheveux, baladant l'odeur de la mer jusqu'à leurs narines. Et puis, les cris des mouettes, tout cela était agréable, c'était la Californie. Il repensait aux bons moments qu'il avait passé ici, avec ses amis. La plage était son endroit préféré lorsque le soleil pointait le bout de son nez. Il n'avait pas besoin de grandes choses, ni de détails matériels pour être bien, il aimait la simplicité même s'il lui arrivait parfois de se montrer superficiel et arrogant. En réalité, ces deux dernières caractéristiques ne lui correspondaient que très peu, c'est son statut de président des Zeta Beta Tau qui l'avait rendu ainsi. Et puis, il fallait dire ce qu'il était, il était apprécié de la sorte, il n'avait donc aucune raison de changer de comportement.

Ils arrivèrent sur la plage au sable fin, Aaron ôta chaussures et chaussettes pour ressentir cette sensation qu'il aimait tant : le sable glisser entre ses orteils. Parfois cela le chatouillait, agréablement, il esquissait un petit sourire discret. Junie en avait fait de même, elle avait retiré ses chaussures. Le jeune homme ne s'y connaissait pas vraiment en chaussures féminines, mais il n'était pas aussi bête pour comprendre qu'il serait difficile de mettre un pied devant l'autre avec de tels escarpins. Il sourit.

« Toi aussi tu aimes sentir les grains de sable se glisser entre tes orteils ? »

Il disait des banalités, mais n'en n'avait même pas conscience. Il avait toujours eu ce petit air niais, à côté de la plaque qui faisait fondre les filles. Entendant la voix de Junie à côté de lui, il lui jeta un petit regard. C'est à ce moment là qu'il remarqua combien elle était jolie. Il inspecta son regard, maquillé comme il le fallait. Il n'avait jamais prêté attention à la beauté de son amie, du moins pas comme il venait de le faire.

« On s'installe là bas ? Il n'y a pas trop de monde. »

Il désigna du doigt un petit coin plus loin, désert. Ils n'étaient cependant pas coupés du monde, simplement ils ne seraient pas embêtés par les gamins qui faisaient des châteaux de sable.

« Toi aussi tu aimes sentir les grains de sable se glisser entre tes orteils ? »

Dans un tout autre contexte, avec une toute autre personne, Junie se serait dit que ce gars était complètement con. Mais là, c'est différent. Là, c'est Aaron. Son Aaron, l'homme de ses rêves. Elle se trouve un peu cruche de penser à des phrases si idiotes. Mais c'est tellement vrai. Elle rêve de lui toutes les nuits. Alors techniquement, oui, c'est l'homme de ses rêves. Souvent, elle rêve qu'elle sort pendant la nuit à cause d'une insomnie, elle va jusqu'à la plage, histoire de regarder un peu la mer, de se détendre en fumant une clope. Elle va voir la mer et il est là. Il est assis au bord de l'eau et il regarde l'horizon. Junie s'allume une clope, s'assied à côté de lui. Il se tourne vers elle et il l'embrasse. Il lui qu'elle est l'amour de sa vie, qu'il est fou d'elle et qu'il veut l'épouser. Et puis le réveil sonne. Et puis Junie revient à la réalité. Et puis Junie se trouve complètement niaise de faire des rêves pareils. Elle s'auto-fout de sa gueule. Ouais, de l'autofoutage de gueule, ça existe.

Bref, nous disions... quoi déjà ? Ah oui, Aaron et ses grains de sable dans les orteils. Pour une raison qui lui échappe, Junie lui trouve l'air intelligent même en disant une telle connerie. Elle trouve qu'il a toujours l'air intelligent, sans rien faire pour. Il pourrait raconter un épisode de Star Trek dans les détails qu'il aurait toujours l'air intelligent.

Junie ne sait pas quoi réponde à Aaron. Elle voudrait dire quelque-chose d'intelligent, elle aussi, mais elle ne sait pas quoi dire. Finalement, elle se débrouille comme elle peut, car elle n'a pas vraiment le temps de cogiter si elle ne veut pas passer pour une attardée :

À vrai dire c'est surtout que mes pieds risquent de mourir si je garde ses chaussures plus longtemps, mais oui, c'est plutôt agréable.

En fait, Junie n'en a rien à foutre du sable. Mais elle se la joue wahou-c'est-fou-tous-ces-points-communs-qu'on-a.

Elle voit qu'Aaron le dévisage. Il semble captivé par son visage. Junie est habituée à ce qu'on la regarde, elle ne rougit pas. Mais elle sait que si elle n'était pas immunisée contre la gêne que provoquent parfois le regard des hommes, elle aurait rougit, énormément rougit.

« On s'installe là bas ? Il n'y a pas trop de monde. »

Junie regarde le coin que lui montre Aaron : parfait ! C'était un petit coin tranquille, un peu intime, à moitié à l'ombre à moitié au soleil. Grâce à un petit rocher, ils étaient coupés du monde sans trop l'être pour autant.

Ca me va !

Les deux jeunes marchent en direction du lieu qu'a montré Aaron. Junie pose son sac et étale sa serviette de bain sur le sable fin, au soleil. Elle s'assied dessus, ôte sa robe bustier, ce qui dévoile son magnifique nouveau bikini noir. Elle l'a choisi parce-qu'elle le trouvait beau et parce-que le haut donne un coup de pouce aux poitrine un peu trop menues. Elle met ses lunettes de soleil, des Ray-ban aviator, puis sors sa crème solaire, indice 30. Elle s'en met un peu partout, puis se tourne vers Aaron et lui dit :

Tu peux me mettre de la crème dans le dos s't'eu-plait ?

Classique, me direz-vous. Oui, mais efficace !